LI LONGMIAN

LI LONGMIAN
LI LONGMIAN

Le peintre chinois Li Gonglin, plus souvent désigné par son surnom de Li Longmian, du nom d’une montagne avoisinant sa bourgade natale dans la province de Anhui, appartenait à une grande famille du Jiangnan.

Bien qu’il semble avoir abordé tous les genres picturaux avec une égale facilité, Li Gonglin doit avant tout sa célébrité à ses peintures de figures et de chevaux; toutes celles de ses œuvres subsistant encore aujourd’hui et qui semblent présenter un certain degré d’authenticité relèvent d’ailleurs de ces deux genres. La peinture de figures et la peinture de chevaux avaient connu leur apogée à l’époque Tang; supplantées dès les Cinq Dynasties par l’essor du paysage, elles entraient en déclin sous les Song, quand Li Gonglin vint magistralement assurer leur renaissance.

Une société brillante

Le père de Gonglin, ancien haut fonctionnaire démis pour certaines audaces idéologiques, avait accumulé d’importantes collections d’antiquités auxquelles Gonglin dut le meilleur de sa formation artistique. Gonglin lui-même devait se signaler dans la suite par sa compétence à expertiser les objets antiques. Entré jeune dans la carrière administrative, Li Gonglin mena une existence officielle pendant près de trente années; au soir de sa vie, frappé de paralysie partielle, il se retira de toute activité publique. Entre-temps, de pair avec l’exercice de ses fonctions mandarinales, il avait réalisé une énorme production picturale (la plupart de ses peintures semblent avoir été exécutées entre vingt et quarante-cinq ans) qui lui valut dès son époque une notoriété considérable et la familiarité des plus brillants esprits du moment: il évolua longtemps dans le cercle de Su Dongpo (quitte à renier cette accointance quand Su fut frappé de disgrâce!) et de Huang Tingjian, qui ont célébré son art dans de nombreuses inscriptions, et fut apprécié par Wang Anshi, qui lui dédia quelques poèmes.

La peinture au trait

Nourri par l’étude et l’imitation des Anciens: Gu Kaizhi, Wu Daozi, Han Gan, Yan Liben, Li Gonglin réussit à développer une formule originale, celle de la peinture au trait sans nul rehaut de lavis ni couleurs (bai miao ), exécutée généralement sur papier (un papier dont la fabrication venait à cette époque de prendre un large développement). Il semble que Li ait réservé l’usage de la soie et des couleurs aux seules copies qu’il exécutait d’après les Anciens. Cette technique linéaire n’était pas inconnue de ses prédécesseurs qui, eux aussi, travaillaient essentiellement au trait, mais la forme austère et blanche d’épure à laquelle Li Gonglin circonscrit sa peinture n’était autrefois pratiquée qu’au niveau de l’esquisse préliminaire (fen ben ) et n’avait pas encore pu constituer un langage pictural autonome. Se privant volontairement de l’animation colorée des encrages, la peinture au trait est un genre ingrat qui exige une impeccable maîtrise technique. Chez Li Gonglin, malgré son infaillible précision, le genre échappe à la froideur académique grâce à une souplesse secrète et à un sens exquis des rythmes. L’observation réaliste très aiguë des physionomies, des caractères, des gestes et des attitudes, acquiert, grâce à l’économie du trait, une intense puissance d’expression. Au sein de la règle, Li conserve une aisance aristocratique; dans le domaine des figures bouddhiques, il imprime à ses sujets une sorte de sécularisation élégante – très caractéristique aussi de la sculpture bouddhique de la même époque.

La postérité d’un genre

La formule définitive imposée par Li Gonglin fut cultivée par d’innombrables épigones durant les siècles qui suivirent. À des degrés divers, les meilleurs peintres de figures seront tous ses tributaires et ne réussiront à s’affirmer individuellement qu’au prix d’une réaction violente ou d’une certaine déformation maniériste: ainsi, sous les Song du Sud, Liang Kai, qui aura recours à l’ivresse du Chan pour se délivrer de sa première manière linéaire académique inspirée de Li, ou encore, sous les Yuan, Zhao Mengfu, qui cultivera un archaïsme délibéré, et enfin, au XVIIe siècle, Chen Hongshou, qui ajoutera à ce faux archaïsme le sel de son humour étrange. Pour l’époque contemporaine, il peut être amusant de mentionner en terminant une postérité très inattendue de l’art de Li Gonglin – mais dont la filiation n’est cependant pas niable – dans les bandes dessinées populaires (lian huan tu ), avatar ultime de ces illustrations réalistes développées en longs rouleaux narratifs, au trait pur, dont Li avait donné le modèle!

Encyclopédie Universelle. 2012.

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